La bonne gestion des plantes invasives passe également par la bonne gestion des déchets que cela génère. Il est indispensable de prendre garde au risque de dissémination inhérent aux déchets issus des chantiers de gestion. Une fois extraites de leur aire d’implantation, certaines plantes peuvent conserver leurs aptitudes à se reproduire, que ce soit par graines ou par bouturage.
Ainsi, au regard de ces risques et de la réglementation en vigueur, il est inenvisageable de s’en débarrasser sans y réfléchir : il s’agit aujourd’hui de valoriser cette matière, mais avec grande prudence.
Étude en Centre-Val de Loire
Entre septembre 2020 et février 2021, le GTPI a accueilli en stage Camille MSIKA pour conduire un état des lieux scientifique et sociotechnique sur la problématique de la gestion des déchets de plantes invasives en région.
Ce travail vise à proposer aux gestionnaires de Centre-Val de Loire des solutions opérationnelles pour évacuer et valoriser en sécurité les déchets issus de chantiers de gestion des PEE.
L'infographie issue d'une enquête menée auprès de gestionnaires de milieux naturels régionaux est disponible en cliquant ici.
! Nouveauté 2023 ! Rapport d'étude à télécharger
La réglementation associée
Les résidus issus de l’enlèvement de plantes sont assimilés à des déchets organiques et plus précisément à des déchets verts *1. Ils peuvent être considérés comme des biodéchets *2. Ces textes réglementaires incitent à leur valorisation plutôt qu’à leur simple élimination.
Tout abandon des déchets est un acte répréhensible et puni par la loi. Ainsi, on ne peut légalement laisser sur place des déchets de plantes invasives, même s’ils sont biodégradables *3. De même, le brûlage à l’air libre est interdit sauf dérogation*4. Il n’est pas non plus possible de les apporter en décharges, ces dernières n’acceptant plus, depuis 2002, que les déchets dits ultimes.
Reste la possibilité de les emmener en déchetteries mais ce serait s’exposer à leur dispersion car rien n'y est encore mis en oeuvre pour leur gestion.
Pour aller plus loin, retrouvez :
- une synthèse sur la réglementation relative à la gestion et la valorisation agronomique des déchets de PEE (UICN, 2019) sur le site du Centre de ressources sur les EEE national (téléchargeable ici),
- les chapitres "Réglementation" et "Gestion et valorisation des déchets" du Manuel de gestion des plantes exotiques envahissant les milieux aquatiques du bassin Loire-Bretagne (FCen, 2018) (téléchargeable ici).
Une synthèse réglementaire est actuellement en cours de rédaction par le GTPI. Elle sera mise en ligne prochainement.
Quelles sont les voies de traitement possibles ?
Ainsi, les déchets issus des chantiers de gestion de plantes invasives doivent être valorisés : par voies de compostage ou de méthanisation.
Selon le type de plantes récoltées, on s’orientera vers des voies de traitement différentes (cf. schéma ci-dessous). Le coût dépend de la politique tarifaire des centres de traitement et correspond au service rendu de traitement du déchet. A titre indicatif, le compostage est en moyenne deux fois plus cher que la méthanisation et s’élève environ à 30€ la tonne, mais les tarifs sont déterminés au cas par cas.
Plan régional d'élimination des déchets de PEE actualisé en 2021 !
En Centre-Val de Loire, une étude a été menée en 2014 par Dorine VIAL : Plan régional d'élimination des déchets issus des chantiers de gestion des plantes invasives (rapport consultable ici). Ont été recensés 32 centres de traitement qui acceptaient potentiellement de recevoir ce type de déchets, dont 21 plateformes de compostage et 11 unités de méthanisation. Parmi ces structures, 20 avaient donné leur accord de principe pour traiter ces déchets tandis que 12 émettaient des réserves mais étaient néanmoins ouvertes à la discussion.
Éliminer des déchets de plantes invasives : les bonnes pratiques pour éviter la dissémination
• Nettoyer tout le matériel ayant servi au chantier pour éliminer les fragments qui le souillent (penser au broyeur et aux roues des véhicules présents sur le site).
• Bâcher les remorques et bennes de transport lors de l’acheminement auprès du centre de traitement.
• Si un stockage intermédiaire est nécessaire avant le traitement, appliquer une bâche sur les tas de déchets. Faire de même si c’est possible sur la plateforme de stockage du centre de traitement. S’assurer qu’aucun cours d’eau ne se trouve à proximité.
• Ne pas déposer les déchets en déchetterie, ni les confier à une plateforme de broyage, afin de ne pas perdre leur traçabilité et de ne pas multiplier les intermédiaires avant le traitement final.
Pour plus d’informations, consultez le rapport de stage relatif à l’élaboration d’un plan régional de valorisation des déchets issus des chantiers de gestion de plantes invasives (D. VIAL, 2014).
N’hésitez pas à contacter le Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire
pour échanger ou obtenir des informations complémentaires, des conseils, un appui technique,
sur la gestion des déchets de plantes invasives.
*1 : article R 541-8 du code de l’Environnement.
*2 : circulaire du 10 janvier 2012 relative aux modalités d’application de l’obligation de tri à la source des biodéchets.
*3 : article L 541-2 du code de l’Environnement.
*4 : circulaire du 18 novembre 2011 relative à l’interdiction du brûlage à l’air libre des déchets verts.
*5 : le compostage est un procédé de traitement biologique de matières fermentescibles en présence d’oxygène qui aboutit à la production d’un amendement organique : le compost.
*6 : la méthanisation est un procédé de traitement biologique des matières fermentescibles en absence d’oxygène, grâce à l’action combinée de plusieurs bactéries dans un digesteur. Cela aboutit à la production d’un fertilisant, le digestat, et d’une énergie renouvelable, le biogaz (mélange de méthane et de dioxyde de carbone).