Du ruisseau au fleuve
Les cours d’eau sont un des éléments du cycle de l’eau, permettant à cette dernière, grâce à des écoulements de formes diverses, de rejoindre la mer. Bien qu’il puisse aussi s’appliquer aux écoulements souterrains ou artificiels (canaux), le terme de cours d’eau, mouvement d’eau qui se fait entre deux rives, évoque plus facilement les cours d’eau naturels et de surface.
Au sein d’un bassin versant, une multitude de cours d’eau d’importance variable se rejoignent par le jeu de confluences et forment un réseau hydrographique. Ces cours d’eau ont une source et aboutissent après une course de longueur variable à un fleuve qui lui-même finit par se jeter dans la mer.
Au regard de son relief et de sa géologie, la région Centre voit naître peu de rivières. La plupart de celles qui la traversent sont considérées comme moyennement abondantes. Les unes se jettent dans les autres, les ruisseaux dans un étang ou une rivière et les rivières dans la Loire, fleuve par excellence du bassin Loire Bretagne qui traverse sur environ 400 km (plus d’un tiers de sa longueur) les départements du Cher, du Loiret, du Loir-et-Cher et de l’Indre-et-Loire. D’autres rivières du Loiret et de l’Eure-et-Loir vont en revanche rejoindre la Seine, au sein d’un autre bassin versant.
L’eau ne voyage pas seule ! Sables, graviers et galets sont transportés avec elle. Au gré des courants, selon la pente et le tracé suivis par la rivière, ces éléments se déposent, formant ici une île, rajoutant là, à la berge, de larges grèves sableuses. Ailleurs, l’eau arrache du sable, créant des falaises d’érosion ou creusant le fond de son propre lit dans la roche meuble. Parfois l’érosion, couplée à une crue, crée un nouveau passage dans une dépression que le cours d’eau, changeant, décide d’emprunter pour un temps… On parle de dynamique de la rivière. L’espace au sein duquel tout lui est permis, où elle peut divaguer à son aise, constitue son lit majeur et peut prendre, quand il est question de le restreindre, le nom «d’espace de liberté».
Les notions liées à la rivière et les milieux naturels associés
On caractérise l’écoulement d'un cours d'eau par son débit, soit le nombre de mètres cubes d'eau mesuré en une seconde à un endroit donné. Ce débit varie au cours d’une année et définit le régime du cours d'eau : on parle d’étiage pour le niveau minimum observé au cours de la période la plus sèche et de crue quand l’eau se répand au delà de son lit mineur.
Cours d'eau, couloirs et milieux naturels
En fonction de leur degré d’artificialisation (rares sont les rivières à n’avoir subi aucune transformation), ces cours d’eau sont considérés comme des milieux naturels à plusieurs titres : leurs eaux douces sont le lieu de vie de nombreux poissons, dont le fameux Saumon, poisson migrateur, rare sur le bassin de Loire, le Brochet ou encore le Sandre, qui sont eux des sédentaires.
Poissons et insectes sont les proies de nombreux oiseaux pour lesquels les cours d’eau sont des repères visuels évidents et des couloirs de migration. De nombreuses graines de plantes bénéficient de cette fonction de corridor pour assurer leur dissémination.
S’y rencontrent aussi des mollusques et des végétaux aquatiques divers, moins connus.
La dynamique de la rivière, par le jeu de l’érosion et de la sédimentation, est aussi à l’origine de la création d’une diversité de milieux en bordure de rivières (boisements alluviaux, prairies humides, grèves sableuses, îlots…), des milieux eux-mêmes sources d’une diversité considérable.
Un fonctionnement artificialisé
Depuis toujours, les cours d’eau ont favorisé l’installation des hommes. Ces derniers les ont aménagés pour s’en protéger (avec des levées) ou pour s’en servir (avec des barrages ou des duits pour créer des chenaux de navigation toujours en eau). Ils ont aussi extrait le sable de leur lit pour leurs matériaux de construction. Toutes ces interventions ont eu un impact fort sur l’ensemble des cours d’eau de France et de la région.
L'impact de l'activité humaine sur les cours d'eau
Avec près de 12 millions de tonnes de granulats prélevés chaque année entre 1950 et 1980, soit l’équivalent des matériaux apportés naturellement par le fleuve au bec d’Allier en quatre siècles, la Loire a subi de plein fouet ces pratiques. Pour compenser le déficit de sable, mais aussi en réponse au corsetage (ou canalisation) de son lit majeur et donc à la réduction de son espace de divagation, elle s’est enfoncée d’une profondeur allant de 1 à 2,50 mètres selon les lieux.
Cet enfoncement commun à de nombreuses rivières a d’importantes conséquences : abaissement de la nappe alluviale associée à la rivière, déconnexion des milieux adjacents plus difficilement en contact avec l’eau, réduction de la fréquence et de l’importance des crues* et, conséquence plus visible pour l’homme, fragilisation des ouvrages (pieds de levée, piles de pont).
Autre source de préoccupation pour les cours d’eau : la pollution. Selon l’IFEN, 96 % d’entre eux, en France, sont contaminés par au moins un pesticide. Les rivières accumulent en effet de nombreux polluants (produits de l’agriculture, résidus industriels ou ménagers…).
Si une rivière équilibrée est capable d’une certaine auto-épuration, elle atteint ses limites en cas de pollution par des substances très toxiques (métaux lourds, acides, solvants, PCB…) ou en cas de trop grande accumulation de fertilisants (engrais notamment). Ce phénomène d’enrichissement de l’eau, appelé eutrophisation, peut être la cause de dégradations en cascade : développement d’algues puis diminution de la quantité d’oxygène dissous dans l’eau et asphyxie du milieu. Les poissons et insectes aquatiques meurent, ce qui prive de nourriture la plupart des autres espèces de la chaîne alimentaire.
Diverses substances chimiques sont susceptibles de s’accumuler et de contaminer toute la chaîne alimentaire, depuis les milieux jusqu’aux espèces, ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé de l’homme.
* À noter que cela n’empêche en aucun cas la possibilité de la survenue de fortes crues, de type centennal (qui peuvent survenir en moyenne tous les 100 ans).
Gérer un cours d’eau, agir de façon globale
L’artificialisation et la pollution de certaines rivières sont telles que toute action ponctuelle a peu d’impact. Le cours d’eau doit faire l’objet d’une gestion globale. Préserver un espace de liberté où la rivière peut divaguer, se recharger en sable à droite ou à gauche et non plus seulement au fond de son lit, est fondamental. Limiter les sources de pollution en réduisant l’utilisation de produits phytosanitaires et tenter de créer des zones tampon entre cultures et eau (bandes herbeuses où les produits peuvent être retenus) sont quelques actions susceptibles de contribuer à l’amélioration de la ressource en eau, si tant est qu’elles puissent être mises en pratique à des échelles et sur des surfaces suffisantes.
Concilier espace de liberté et activités humaines
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